Lors d'une balade l'autre dimanche, un ami, Dominique, me demandait : " En fait, c'est quoi ton boulot ? Tu écoutes les gens raconter leur souffrance et ça leur fait du bien ?"
"Oui... c'est ça... et un peu plus !"
Ce "un peu plus", je l'ai trouvé magnifiquement décrit dans un texte consacré à l'accompagnement des parents dont le bébé est né prématuré... :
" Face aux parents qui vont avoir à vivre ces instants bouleversants et qui vont effectivement bouleverser tout le reste de leur vie, la psychologue occupe une place particulière et délicate : simple présence humaine mais aussi fonction professionnelle spécifique qui se situe sur une ligne de crête extrêmement fine puisqu'il s'agir de se laisser toucher par la souffrance d'autrui, d'accepter de la partager par empathie et par identification à l'autre, tout en se décalant quelque peu vis à vis de soi même afin de pouvoir utiliser son propre appareil psychique comme tiers aidant et comme médiateur. (...)
Se profile ici une fonction de contenance, c'est à dire de réception et d'accueil des affects douloureux et des contenus psychiques négatifs d'une personne en souffrance (...) Auquel s'ajoute un second niveau de décodage et de transformation. C'est lui qui permet par un mécanisme de re-projection ( de projection en retour ), de restituer à l'autre ses propres projections psychiques, mais en quelque sorte traitées, filtrées, détoxifiées, prédigérées, et enfin, psychiquement utilisables pour lui.
"Bébés en réanimation, naître et renaître", Bernard Golse, avec Martine Bloch, Sylvie Gosme-Séguret, Mostafa Mokhtari. Editions Odile Jacob 2001
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